Biais de confirmation
« Lorsque je me renseigne sur un sujet, je favorise les informations qui appuient mon hypothèse et j’ignore les informations qui la contredisent. »
Définition
Le biais de confirmation est une tendance, souvent inconsciente, à être trop favorable envers les informations qui confirment une hypothèse et ce, au détriment de celles qui la contredisent. Ce biais peut se produire de différentes manières. Lorsque l’information est conforme à notre hypothèse, on peut se la remémorer plus facilement [1] ou lui donner plus de poids que l’information qui la contredit. Les sources de l’information qui confirment l’hypothèse peuvent aussi subir un examen moins critique [2]. Ce biais peut survenir dans un contexte où on traite un sujet lié aux émotions, opinions ou croyances, mais aussi dans un contexte neutre où ces facteurs ne sont pas en jeu.
Exemple
Une personne en faveur de l’exploitation pétrolière pourrait favoriser l’information sur la création d’emplois dans cette industrie et être critique envers l’information en faveur des énergies vertes. Lors d’un débat sur les sources énergétiques, elle pourrait avoir un souvenir diffus des études sur l’impact de l’exploitation pétrolière sur les changements climatiques et se remémorer plus facilement les arguments économiques en sa faveur.
Explication
Le biais de confirmation serait lié à une heuristique appelée la stratégie du test positif [3], qui viserait à faciliter notre traitement de l’information. Lorsque nous évaluons une hypothèse, tenter d’examiner tous les éléments qui peuvent la contredire (ce qui serait une stratégie de test négatif) est très coûteux en termes d’effort, voire impossible. Par la stratégie du test positif, nous cherchons les informations pertinentes et qui sont liées spécifiquement à notre hypothèse, ce qui implique de la confirmer tout en éliminant les hypothèses alternatives. Cependant, lorsque nous employons la stratégie du test positif en omettant d’imaginer des hypothèses alternatives, nous tombons dans le biais de confirmation [4].
Conséquences
Le biais de confirmation peut donner une fausse impression d’objectivité et contribuer à l'excès de confiance ainsi qu’au maintien des croyances face à des preuves contraires. En s’entourant d’information et de personnes qui confirment ses opinions, comme dans le cas des chambres à écho, certaines personnes auront même tendance à se camper dans des positions de plus en plus rigides et extrêmes. On peut alors assister à un phénomène de polarisation que même des critiques provenant d’un consensus scientifique ne réussiront pas à freiner.
Pistes de réflexion pour agir à la lumière de ce biais
Accepter que notre esprit puisse nous tromper et ce, malgré nos bonnes intentions !
Réfléchir aux hypothèses alternatives et chercher les situations susceptibles de contredire nos croyances.
Établir a priori une procédure d’évaluation de l’information et s’y référer systématiquement.
Comment mesure-t-on ce biais?
La première mesure du biais de confirmation est l’emblématique tâche de la règle « 2-4-6 ». [5] On demande aux participant-es de l’expérience de découvrir la règle derrière une suite de nombres. En partant de l’information que la suite « 2-4-6 » est conforme à la règle, les participant-e-s doivent compléter la suite en ajoutant des chiffres et vérifier auprès des expérimentateur-trices si leurs ajouts respectent ou non la règle. Les participant-es ont tendance à penser que la règle est : « nombres pairs croissants ». Ils ou elles continuent ainsi à tester leur hypothèse en proposant une suite croissante de nombres pairs, jusqu’à ce qu’ils ou elles croient avoir confirmé leur hypothèse. Mais, en ne cherchant qu’à confirmer leur hypothèse, les participant-es ne réalisent pas que les suites de nombres se conforment en réalité à cette règle plus simple : « suite de nombres croissants ». S’ils ou elles avaient soumis un falsificateur potentiel de leur hypothèse, comme la suite « 7-8-9 », un retour positif de l’expérimentateur-trice leur aurait permis d’ajuster leur hypothèse de départ et ainsi potentiellement découvrir la règle en question. Nous observons un biais de confirmation lorsque les participant-es indiquent avoir trouvé la (mauvaise) règle sans avoir testé les alternatives potentielles à leur hypothèse.
Ce biais est discuté dans la littérature scientifique :
Ce biais a des répercussions au niveau individuel ou social :
Ce biais est démontré scientifiquement :
Références
[1] Frost, Peter, Bridgette Casey, Kaydee Griffin, Luis Raymundo, Christopher Farrell & Ryan Carrigan (2015). The influence of confirmation bias on memory and source monitoring. The Journal of General Psychology, 142(4), 238-252.
[2] Jones, Martin & Robert Sugden (2001). Positive confirmation bias in the acquisition of information. Theory and Decision, 50(1), 59-99.
[3] Klayman, Joshua & Young-won Ha (1987). Confirmation, disconfirmation, and information in hypothesis testing. Psychological Review, 94, 211–228.
[4] Oswald, Margit E. & Stefan Grosjean (2004). Confirmation bias. In Rüdiger F. Pohl (Ed.), Cognitive illusions: A handbook on fallacies and biases in thinking, judgement and memory (pp. 79–96). New York: Psychology Press.
[5] Wason, Peter C. (1960). On the failure to eliminate hypotheses in a conceptual task. Quarterly Journal of Experimental Psychology, 12(3), 129-140.
Tags
Niveau individuel, Heuristique d'ancrage, Besoin de fermeture cognitive
Biais reliés
Raisonnement motivé
Auteur-e
Janie Brisson, PhD, Chercheure postdoctorale, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Université de Paris.
Comment citer cette entrée
Brisson, J. (2020). Biais de confirmation. Dans C. Gratton, E. Gagnon-St-Pierre, & E. Muszynski (Eds). Raccourcis : Guide pratique des biais cognitifs Vol. 1. En ligne : www.shortcogs.com
Écrivez-nous à shortcogs@gmail.com
Recevez des mises à jour sur le contenu en vous inscrivant à notre liste d'envoi
Merci à nos partenaires
© 2020 Shortcuts/Raccourcis. Tous droits réservés.