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Corrélation illusoire

« Je suis convaincu-e qu’il y a un lien entre deux événements dont je suis témoin alors qu’ils ne sont pas reliés. »

Définition

Une corrélation s’observe lorsqu’un événement (ex. : un ciel nuageux) est associé à un autre événement (ex. : une averse) [1]. S’il est parfois difficile d’établir une relation entre deux événements, il s’avère d’autant plus ardu de prédire correctement de telles relations. Cela peut parfois engendrer l’apparition d’une erreur particulière dans notre raisonnement : le biais de corrélation illusoire [2]. Il est possible de manifester ce biais soit en surestimant l’importance d’une corrélation ou en percevant une corrélation inexistante. Plus simplement, une corrélation illusoire est la fausse perception qu’il y a un lien unissant deux éléments, bien que ce lien s’avère en réalité inexistant ou beaucoup moins important que ce que l’on croyait [1]. Ce biais se manifeste chez tous les individus dans des contextes variés comme les croyances populaires ou folkloriques, les superstitions, les erreurs de jugement cliniques ou encore dans les stéréotypes [2].

Exemple

Un exemple anodin qui illustre concrètement la corrélation illusoire consiste à percevoir une relation entre les traits de personnalité d’un individu et son signe astrologique. Par exemple, certaines personnes reconnaissent des traits typiques de leur personnalité ou de celle des autres en lisant l’horoscope. Vous pouvez déjà avoir entendu quelqu’un dire « c’est normal que tu sois impulsif-ve, tu dois être bélier…» ou encore « vous les gémeaux, vous êtes tous-es curieux-ses » [3]. Il s’agit bel et bien d’exemples de corrélation illusoire, puisque l’astrologie s’avère inopérante et totalement infondée, pour déceler des traits de personnalité typiques en fonction d’un signe astrologique [3].

Explication

Une des explications dominantes est sous-tendue par l’heuristique de la disponibilité en mémoire. Nous aurions beaucoup plus de facilité à nous remémorer l’information associée à des éléments rares ou saillants [1, 4]. En fait, nous croyons que ceux-ci se produisent plus souvent, car on se souvient d’eux plus facilement. Ainsi, nous surestimons leur fréquence. Quand on surestime la fréquence d’une corrélation entre deux éléments rares ou saillants, on commet alors une corrélation illusoire basée sur la fréquence [1, 4]. Aussi, nos attentes préexistantes mènent à la formation d’un jugement de corrélation illusoire : si je m’attends à ce qu’il y ait un lien entre deux éléments, je risque de percevoir un lien, même s’il n’y en a pas ; ou encore, de surestimer l’importance d’un tel lien [4]. En fait, nos attentes préexistantes nous amènent à faire des jugements erronés sur notre environnement, ce qui mène à la perception erronée de corrélation entre les éléments traités [1, 4]. Dans ce cas précis, on commet alors une corrélation illusoire basée sur les attentes [4].

Conséquences

Le biais de corrélation illusoire peut mener les individus à chercher à confirmer leur croyance. En effet, si un individu croit qu’il y a une corrélation entre deux événements, il remarquera et se rappellera davantage les situations qui confirment cette croyance plutôt que celles qui la réfutent. Les corrélations illusoires peuvent de plus mener les individus à faire des jugements ou des choix irrationnels. Par exemple, un individu peut refuser de conduire un soir de pleine lune, parce qu’il croit, à tort, qu’il existe une corrélation entre la pleine lune et l’augmentation du nombre d’accidents. Les corrélations illusoires sont aussi fortement impliquées dans le développement de stéréotypes. Par exemple, un stéréotype serait de croire que « les comptables sont malheureux-ses ». Il s’agit d’une corrélation illusoire puisqu’on surestime le lien entre un trait de caractère et un groupe [5].

Pistes de réflexion pour agir à la lumière de ce biais

  • Ne pas chercher à tout expliquer, parfois il peut simplement s’agir d’une simple coïncidence

  • Tenter d’utiliser l’ensemble de l’information disponible

  • Ne pas s’arrêter à l’hypothèse la plus frappante, qui saute aux yeux, pour expliquer un lien

Comment mesure-t-on ce biais?

Dans certaines expériences, on présente à des participant-es un ensemble de dessins produits par des patient-es souffrant d’un trouble psychiatrique. Ces dessins sont ensuite appariés aléatoirement à un diagnostic psychiatrique. Les chercheur-es ont observé que les participant-es voyaient des corrélations illusoires entre certaines caractéristiques des dessins (ex., forme de tête) et les diagnostics aléatoirement associés (ex., faible intelligence), même si aucune association de ce type n’existait empiriquement [1].

Ce biais est discuté dans la littérature scientifique :

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Ce biais a des répercussions au niveau individuel ou social :

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Ce biais est démontré scientifiquement :

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Références

[1] Chapman, Loren J. & Jean P. Chapman (1967). Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations. Journal of Abnormal Psychology 72(3), 193–204.


[2] Chapman, Loren J. (1967). Illusory correlation in observational report. Journal of Verbal Learning & Verbal Behavior, 6(1), 151–155.


[3] Carlson, Shawn (1985). A double-blind test of astrology. Nature 318, 419–425.


[4] Berndsen,Mariette, Joop van der Pligt, Russell Spears & Craig McGarty (1996). Expectation-based and data-based illusory correlation: The effects of confirming versus disconfirming evidence. European Journal of Social Psychology 26(6), 899–913.


[5] Hamilton, David L. & Steven J. Sherman (1989) Illusory Correlations: Implications for Stereotype Theory and Research. In: Bar-Tal D., Graumann C.F., Kruglanski A.W., Stroebe W. (eds) Stereotyping and Prejudice. Springer Series in Social Psychology. Springer, New York, NY.

Tags

Niveau individuel, Niveau intergroupes, Heuristique de disponibilité, Besoin de fermeture cognitive, Besoin de sécurité

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Auteur-e

Caroline Coupal, étudiante au baccalauréat en neuroscience cognitive, Université de Montréal.

Comment citer cette entrée

Coupal, C. (2020). Corrélation illusoire. Dans E. Gagnon-St-Pierre, C. Gratton & E. Muszynski (Eds). Raccourcis : Guide pratique des biais cognitifs Vol. 2. En ligne : www.shortcogs.com

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